Semelles de vent

lundi 12 octobre 2009

Travaux maison Damas 1



                                                           Après
                                            

       Avant


Pour voir d'autre photos cliquez flickr
Puis sur VOUS
Puis sur ALBUM
Puis sur DAMAS TRAVAUX 1

Désolé ceci est un essai avec flickr, je n'ai pas encore trouver comment arriver directement sur l'album!!

vendredi 9 octobre 2009

La Méditerranée

Avant de parler de la Syrie et de Damas, il m'a paru important de faire un petit topo sur la civilisation méditerranéenne, afin d'essayer de casser les nombreux tabous et préjugés qui restent bien encrés dans nos inconscients d'occidentaux. Il s'agit en grande partie d'un résumé du livre de Germaine Tillion "Le harem et les cousins" que je vous recommande vivement de lire pour comprendre l'importance qu'a l'étude de cette civilisation dans la compréhension du monde actuel.

L'histoire succède à la préhistoire au moment où apparaît la première civilisation (création de villes, culture et élevage ) et les premiers écrits ( écriture cunéiforme, hiéroglyphes ) (environ 7000 ans avant JC). On passe, par une transition peu connue, du néolithique ( chasse, cueillette, pierre polie, nomadisme ) à cette civilisation ( organisation, hiérarchie, artisanat, commerce ) qui est l'ancêtre direct de la nôtre, et qui va vite s'étendre du sud de l'Iraq à tout le pourtour de la Méditerranée. On l'appelle donc la civilisation méditerranéenne, d'où sortira notre civilisation occidentale.
On connaît peu de choses sur la vie des hommes préhistoriques, et notre seul moyen de comparaison entre l'avant et l'après est l'étude menée par les ethnologues sur les populations "sauvages" existantes dans le monde ( Claude Lévy-Strauss "La pensée sauvage" et "Les structures élémentaires de la parentée").

Or que constate-t-on?
que les peuples "sauvages" pratiquent tous l'exogamie: prohibition de l'inceste qui se rattache étroitement à l'obligation d'échanger des femmes, prohibition qui touche la famille au sens large, une descendance sur plusieurs générations. (Lire ou relire à ce sujet le plaisant livre de (?) "Pourquoi j'ai mangé mon père")
que dans toute la zone de la civilisation méditerranéenne, c'est exactement l'inverse, c'est l'endogamie qui est la règle, "une susceptibilité collective et individuelle exacerbée qui accompagne partout, aujourd'hui encore, un certain idéal de brutalité virile, dont le complément est une dramatisation de la vertu féminine". Le mariage idéal est avec sa cousine germaine du côté paternel, et on a la volonté de toujours essayer de garder toutes les filles de la famille pour les garçons de la famille.
(Il faut noter que l'inceste entre parents et enfants, et entre frère et soeur est depuis tout le temps et partout prohibé absolument ).

Cette civilisation méditerranéenne va durer quelques sept mille ans pendant les quels un conflit va opposer trois groupes :
 - La noblesse bédouine et son rêve de vivre entre parents (noblesse de lignée)
 - La noblesse paysanne et son exigence de vivre en famille sur la même terre (noblesse terrienne)
 - La bourgeoisie des villes et son exigence d'échapper à l'influence des deux groupes précédents.

Ce conflit se manifeste sous la forme d'un mécanisme démographique qui permet de comprendre le maintien absurde des idéaux campagnards à l'intérieur des murailles urbaines.
Dans les villes, la promiscuité, le manque d'hygiène et les épidémies provoquaient une mortalité infantile et une mortalité tout court très importante. La campagne et les grands espaces bédouins, plus sains, voyaient leur population augmenter et être obligée d'émigrer vers les villes. Sans cette émigration, lente mais continue, les villes n'auraient pas survécu. Cet antique équilibre persiste encore actuellement en orient, le nombre dans les villes continue à appartenir à la masse des campagnes qui y introduisent ainsi leurs modes de vie, et maintiennent ainsi un relationnel ville-campagne permanent.(En occident il s'agit d'une immigration nord-sud, mais le problème reste le même).

Seulement depuis Pasteur la mortalité dans les villes a cessé d'être un fléau et les immigrants des campagnes, au lieu de s'intégrer + ou - à la ville, s'entassent dans des banlieues-bidonville, "et la grande victime de cette situation, c'est naturellement la femme : elle cesse d'être une "cousine", et elle n'est pas encore une "femme".

Il faut bien dire ici que l'endogamie en elle même n'est pour rien dans cette dégradation, elle n'est pas néfaste, elle a même été un art de vivre idéal pour ces sociétés hors ville, pendant des millénaires. C'est ce mécanisme qui a provoqué la dégradation de la femme.

Pierre Bourdieu à propos de déracinement en Algérie : "Autre signe de la transformation du style des relations sociales, l'apparition du voile féminin. Dans la société rurale d'autrefois, les femmes qui n'avaient pas à se dissimuler aux membres de leur clan, étaient tenues de suivre, pour se rendre à la fontaine (et secondairement aux champs), des itinéraires écartés, à des heures traditionnellement fixées: ainsi protégées des regards étrangers, elles ne portaient pas le voile et ignoraient l'existence cloîtrée de la maison. Dans le regroupement comme en ville, il n'est plus d'espace séparé pour chaque unité sociale; l'espace masculin et l'espace féminin interfèrent; et enfin l'abandon partiel ou total des travaux agricoles condamne les hommes à rester tout le jour dans les rues du village ou à la maison. Aussi est-il exclu que la femme puisse continuer à sortir librement sans attirer mépris et déshonneur sur les hommes de la famille.Ne pouvant sans se renier comme paysanne, adopter le voile de la citadine, la paysanne transplantée en ville devait se garder d'apparaître seulement sur le pas de sa porte. En créant un champ social de type urbain, le regroupement détermine l'apparition du voile qui permet les déplacements parmi les étrangers." Cela fait penser aux relations homme-femme dans nos banlieues d'immigrés, complètement exacerbées par rapport à ce qu'elles sont dans leurs pays d'origine.

On n'a pas parlé beaucoup de religion jusqu'ici ! c'est que les trois religions du livre ne sont pas en cause dans tout ce qui précède, et Moïse, Jésus et Mahomet ont plutôt lutté contre ces états de fait. On n'en dira pas autant des hiérarchies religieuses qui se sont mises en place à leur suite, avec plus ou moins de complicité politiques, et qui ont plutôt profité de ces situations civilisationelles pour asservir leurs populations de "fidèles".

Passons en revue quelques traits fondamentaux relatifs à cette civilisation et aux préjugés qu'ils engendrent, surtout en ce qui concerne les religions.

                                             La femme cachée

L'adultère
Il provoque le meurtre par le mari, le père ou le frère de la femme qui a trompé (ou qui est soupçonnée d'avoir trompé) son mari, et si ces trois là ne font rien, c'est le village qui s'en charge par le moyen de la lapidation (pas de responsable). Dans le nord de la Méditerranée on appelle ça la vendetta. Pratiques usitées en Corse, Sardaigne, Italie du sud, Grèce, et jusqu'au Texas ou en Amérique "latine"...
A propos de ces crimes "exemplaires" Dominique Fernandez parle, à propos de l'Italie, de "férocité masculine aux aguets de la vertu des soeurs" et de "crime d'honneur, c'est à dire la jalousie incestueuse déguisée en défense de la famille".

Le voile
"La femme grecque qui se montre à la fenêtre extérieure de la maison comet une infraction à la fidélité conjugale qui, aux yeux de son mari, mérite le divorce"(Aristophane, Les Thesmophories, vers 800 av.JC)."C'est également une infraction à la fidélité conjugale pour la femme romaine de sortir de la maison à l'insu de son mari et de se montrer en public le visage découvert (Plaute, Mercator, acte IV, scène 5).
"L homme, lui, ne doit pas se couvrir la tête, parce qu'il est l'image et le reflet de Dieu; quant à la femme elle est le reflet de l'homme"..."et ce n'est pas l'homme bien sûr, qui a été créé pour la femme"..."Voilà pourquoi la femme doit avoir sur la tête un signe de sujétion, à cause des anges..." ( St Paul, Epitre X aux Corinthiens).
Il y a peu sur tout le nord méditerranéen chrétien, les femmes étaient habillées en noir avec un fichu sur la tête, et il était indécent et scandaleux pour une femme de rentrer dans une église sans un voile pour cacher ses cheveux.
Le Coran parle très peu du voile, le préconisant surtout pour les femmes de la famille du prophète.

La circoncision
Hérodote, vers 450 av.JC, nous raconte que les égyptiens pratiquaient la circoncision depuis "l'origine", "les Phéniciens et les Syriens reconnaissent eux-même qu'ils ont appris cet usage des Egyptiens".
Le Coran ne mentionne pas une seule fois la circoncision, et  les Evangiles non plus, à part celle du Christ qui continue à être célébrée tous les ans. Or aucun homme ne peut se considérer comme appartenant à l'islam s'il n'est pas circoncis, id dans la religion juive.

Le cochon
Toujours Hérodote nous raconte que les Egyptiens avaient horreur du porc, et que les Lybiens, comme les Egyptiens se refusent à élever et à consommer des porcs. Lors de fouilles de l'époque néolithique en moyenne Egypte on a découvert "des monceaux d'ossements de bovins et de moutons, mais aucune trace de porc. Ceux-ci étaient pourtant familiers à la même époque aux gens du Fayoum et du Delta".

Séparation Hommes-femmes
Je revois encore certaines photos de foules à Paris au début du siècle où l'on voit une marée de chapeaux d'homme. Dans le nord Méditerranée, les places et les cafés sont envahis par les hommes, les femmes sortent dans les petites ruelles ou restent à la maison.
D'après une étude de 1916 "En Sicile, à Raguse, sur 30 maîtresses de maison interrogées, 3 seulement ont déclaré sortir faire leurs provisions, et uniquement parce que elles y étaient obligées, le mari étant mort ou malade". Il n'y a pas si longtemps chez nous les femmes étaient à la cuisine et les hommes au salon.

L'héritage
Voici en matière d'héritage, ce que prescrivit la loi de l'Islam: à chaque orpheline, donner une part des biens de son père égale à la moitié de celle d'un enfant mâle, et la moitié de l'héritage s'il n'y a pas de fils
(le restant étant réparti entre la veuve, les ascendants et les frères). A la veuve, le quart de l'héritage de son époux si ce dernier est sans descendance, un huitième dans le cas contraire.
Le Coran impose aussi au mari d'entretenir complètement sa femme et ses enfants, et attribue à la femme mariée la gestion indépendante de ses biens personnels (dot, douaire et héritage)...
Ces prescriptions représentaient à l'époque, la législation la plus "féministe" du monde civilisé, et portaient un coup terrible à la société tribale qui s'est empressé de tourner ces lois en choisissant, devant le Cadi, Dieu comme héritier final ( le habous ).
Je viens de discuter avec un copain syrien de ce sujet,  il se plaignait de l'application trop stricte de cette loi (le mari doit entretenir sa femme...) dans les familles pratiquantes en milieux urbain, surtout qu'il est l'aîné, et que, son père étant aveugle, il est responsable de toute sa famille. Il parle français couramment et a délaissé la religion, ce qui fait qu'il est tiraillé entre son désir de modernité et ses obligations familiales traditionnelles.
En France on sait que le droit d'aînesse a été officiellement abrogé par la Révolution française, mais dans de nombreuses familles il a pratiquement survécu jusqu'au début du XX° siècle.

Le mariage consanguins
Frédéric Morton dans un livre consacré à la famille Rothschild : "Le 11 juillet 1824, le plus jeune fils de Mayer, James, exprima vigoureusement le dogme dynastique des Rothschild. Il s'avança sous la chipah avec Betty, sa propre nièce, fille de son frère Salomon. Dès cette époque (mais on peut remonter à la Bible!), il fut admis que, comme chez les Habsbourg, le plus brillant parti pour un membre de la famille en était un autre. Sur 13 mariages consommés par les fils des 5 frères, 9 le furent avec des filles de leurs oncles. Sur 58 mariages contractés par les descendants du vieux Mayer, exactement la moitié se firent entre cousins germains."




Germaine Tillion écrivait en 1966, et constatait la disparition du voile dans les villes. Depuis les choses ont bien changées et la mondialisation occidentale a beaucoup progressé vers les pays du Sud.

Jean Chaudouet dans un livre sur la Syrie (1997) : "La question du voile, ou du foulard, ne peut que donner des maux de tête aux sociologues, moralistes, psychologues et autres. Les faits sont clairs : dans la décennie 70, c'est dans les villes syriennes que la proportion de jeunes femmes voilées apparaissait la plus faible. Il n'en est plus de même aujourd'hui : depuis une dizaine d'années, le port du voile ou du foulard progresse. Mais quelle signification donner? L'observateur ne peut que reconnaître la complexité de la situation. Dans quelle mesure le voile exprime-t-il une volonté de retour à la tradition de la société arabo-musulmane devant l'intrusion jugée excessive de la modernité occidentale ? une révolte de type islamiste contre les orientations dénoncées comme athées du régime laïc Baas ? ou au contraire un souhait de type très moderne et "féministe" de se défendre face à une certaine agressivité machiste, ou même à la limite un désir de se masquer, moyen pour la jeune femme émancipée de se faufiler là où elle veut, d'étudier et de travailler selon ses convenances, de choisir librement son mari ? Nul ne peut sonder les consciences.
Que veut affirmer la lycéenne qui orne sa tête d'un foulard, alors qu'elle porte, par nécessité, son uniforme... militaire ?"

En Syrie depuis 4 ou 5 ans, le foulard est devenu en plus un phénomène de mode, des boutiques proposent de superbes foulards à tous les prix avec vestes ou tee-shirt associés, et beaucoup de filles ou de femmes s'en servent comme d'un moyen de séduction, y rajoutant fards et bijoux. On voit souvent trois copines bras dessus bras dessous dont l'une est en jeans moulant cheveux au vent, la deuxième avec le même jeans et un foulard, et la troisième avec foulard et manteau long. Allez savoir qui fait quoi pourquoi ! Une partie des filles portent le voile par obligation familiale, mais s'en sortent grâce à la mode et aux copines.
Un reportage photo à suivre bientôt sur le sujet.

Voilà! Je n'ai pas su résister à vous infliger ce pensum, j'espère qu'il vous aura appris quelque chose et vous a donné envi d'en savoir plus.
Next time la maison et le quartier. Promis!!
Bises à tous.

samedi 3 octobre 2009

Ankara - Damas

Ankara, capitale de la Turquie, 4 millions d'habitants, n'était vers 1920 qu'une petite ville d'une trentaine de milliers d'angoras (la ville s'est appelée Angora à une certaine époque, et c'est de là que vient le nom d' angora qu'on donne à certains chats et moutons ). A part la citadelle byzantine et la vieille ville qui l'entoure, c'est donc une ville moderne, mais qui garde un certain charme car la plupart des immeubles ont des toits à deux ou quatre pentes en tuiles rouges.






Après un jeu de piste à travers la ville je me retrouve chez les copains qui vont m'héberger deux nuits, étape de repos qui est la bienvenue. Jolie balade dans la vieille ville avec ses petits cafés-terrasses et ses boutiques d'artisans. Je ne résiste pas à l'achat d'un superbe narguilé qui sera une pièce maîtresse de la déco de ma maison à Damas ainsi qu'un bon accompagnement du café turque. Les photos vous donnent un aperçu de la vieille ville et de l'étendue de la ville construite dans une immense cuvette entourée de montagnes. Le soir de la terrasse de l'appartement construit sur une hauteur, on a toute la ville à nos pieds et on aperçoit par endroit des feux d'artifice qui signalent les fêtes de mariage du jour. Ha! ce petit raki avec cette immensité calme à nos pieds !


Lundi matin départ pour la Capadoce ( qu'a pas d'os ?) un des rares endroits de la Turquie que je n'ai pas parcouru. Arrivée à Göremé  où je suis attendu par le patron d'un petit hôtel de charme, terrasse ombragée (il fait très chaud !), et une bonne bière fraîche (hummm! surtout la première gorgée !).
Puis visite pedibus cum jambis de ces statues gigantesques, ces montagnes sculptées, je me suis demandé si Dieu, quand il eut façonné Adam avec de l'argile, n'aurait pas secoué sa main un grand coup pour se débarrasser de la terre qui était restée collée à ses doigts, et ça aurait donné ce paysage fantastique. Mais quelques photos en diront plus que je ne saurais en dire!



Comme vous pouvez voir les panneaux de signalisation ne sont pas très respectés! En tout cas un site qui vaut le détour, d'ailleurs on s'en aperçoit rien qu'au grand nombre de touristes qui sillonnent le coin.

Après un bon dîner terrasse et une bonne nuit, cap au sud!
Au bout de quelques heures on approche de la mer et la route bifurque vers l'est...
Et puis tout à coup, sur les collines entre les quelles la route se faufile, des pins d'Alep, des oliviers, une flore de maquis et un drôle de bruit dont on ne distingue pas tout de suite l'origine... les cigales bien sûr !
Cette fois ça y est on a rejoint la Mère Méditerranée, comme une impression d'être de retour chez soi, au sein de la terre maternelle!
Rebifurcation vers le sud, la route s'élève pour passer une chaîne de montagnes, puis après un dernier col, on aperçoit en contrebas l'immense plaine d'Antioche, bien plate et entièrement cultivée. On comprend vu la richesse de la contrée, pourquoi les syriens râlent que les français aient cédé toute cette région (le Sandjak d'Alexandrette) aux turques en 1939. D'ailleurs ils n'ont toujours pas avalé la pilule, et sur toutes les cartes de la Syrie imprimées dans le pays, ce territoire est considéré comme syrien.


Arrivée à Antioche, ville chargée d'histoire, créée par Séleucos juste après la mort d'Alexandre, capitale du royaume séleucide, rivale d'Alexandrie, puis capitale de la Syrie romaine et une des premières communautés chrétiennes.
Près de 400.000 habitants au IIème siècle, elle en compte actuellement quelques 50.000. Construite sur l'Oronte au pied d'une montagne, elle me fait penser à Damas sur le Barada au pied du Mont Quassioun pris d'assault par les maisons de la ville.
En tout cas ville très sympathique avec des souques couverts très animés (l'entrée des souques se trouve entre les deux immeubles qu'on voit sur la photo).
Meilleur hôtel de la ville, et... bonne nuit les petits!

Le lendemain départ pour la Syrie. Après une route sans problème, arrivée à la frontière syrienne, et là première confrontation avec l'administration du pays! On pose sa voiture dans un coin et on commence le parcours du combattant: ça démarre avec un guichet où dix personnes sont agglutinées le bras tendu avec des papiers au bout, essayant de passer avant tout le monde. On est obligé de jouer des coudes, et de hurler en français n'importe quoi pour impressionner l'adversaire. Ensuite on vous envoie dans un bureau éloigné où on paye une taxe, on ne sait pas trop laquelle, puis dans un deuxième où on vous met un tampon sur un des nombreux papiers qu'on a déjà accumulés, après ça il faut trouver la personne qui doit apposer sa signature sur le tampon en question, puis la personne chargée de fouiller la voiture qu'on déplace pour l'occasion... et ce n'est pas fini !! Mais je ne me souviens plus des autres arcanes de cette douane, bref deux bonnes heures avant de pouvoir passer la frontière, enfin !
Autoroute à deux voies jusqu'à Damas, un cycliste de temps en temps, une charrette à âne, un camion qui sort en trombe d'un parking, une voiture venant de l'autre sens qui traverse devant vous parce que c'est là qu'elle va... mais tout ça bon enfant et on ne voit jamais d'accident.
Cette histoire pour bien se rendre compte: il y a un ou deux ans, le gouvernement a fait venir du Japon une équipe spécialisée dans la circulation automobile en milieu urbain, pour essayer de réguler la circulation à Damas (beaucoup de voitures, beaucoup de klaxons, mais jamais d'énervement et tout finit par bien se passer). Au bout de trois mois d'études et d'observation, l'équipe est repartie en disant: on ne peut rien faire, ici on conduit à la baraka et ça marche, continuez comme ça!!!
J'arrive vers cinq heure à Damas, me fais précéder d'un taxi pour arriver à Bab-Touma, porte de la vieille ville, vais voir mon "correspondant" Abou-'Amar qui me guide dans un vrais labyrinthe ( un tord- boyaux ?)  avant d'arriver devant la porte de ma maison. Grande émotion vous vous en doutez !!!

Et la suite au prochain numéro !!

samedi 26 septembre 2009

Vienne-Ankara

Salzbourg-Vienne, 300 km, j'en profite pour prendre le chemin des écoliers, petites routes sinueuses de montagne, villages animés, marchés, puis descente en zig-zag vers les lacs dont on longe les rives au plus près, très peu de circulation, on peut prendre son temps... Les autoroutes ont ça de bien (surtout gratuites comme ici), qu'elles vident les petites routes de campagne sur les quelles on peut prendre le temps de flâner.
Puis c'est Vienne, grande ville qui au premier abord a l'air très agréable à vivre, et je trouve un hôtel pas trop loin du centre, l'hôtel Haydn ! on est bien dans une capitale musicale. A Vienne qu'est-ce qu'on visite, le Ring, le centre historique de la ville, très grand et rempli de monuments baroques et de jardins, et saturé de touristes, impression de ville-musée. Or je hais les musées !!! Cette mise en boîte du passé, il doit bien se créer un musée par jour dans le monde, tout et n'importe quoi est prétexte à créer un nouveau musée (sans parler des commémorations-anniversaires multiples et variés ), serait-ce qu'on a tellement peur de l'avenir ? 3km/3h de queue, une foule qui vous empêche de voir, un circuit bien fléché, on s'est même pas bien a-musé !! Alors qu'il y a tellement de chose à voir et à faire dans la vie du moment-présent, et tellement de choses à rêver et projeter dans l'avenir !!
Il n'en reste pas moins que Vienne est une ville magnifique,très animée et qu'en dehors du Ring la vie a l'air d'y être très agréable.
Bonne nuit de sommeil, en soliste, chez Haynd.
Puis la route pour Arad en Roumanie. Traversée de la Hongrie sans problème (autoroute), puis bifurcation vers l'est pour rentrer en Roumanie. A la frontière personne, on n' a qu'à passer sous  les grandes baies qui devaient grouiller de douaniers, gendarmes et militaires avant 90. Nuit à Arad, petite ville de province assez sympa à vue de nez comme ça, large allée pleine d'arbres qui mène au centre ville où trône au milieu d'une grande place un beau théatre municipal aux allures baroques.
La Roumanie a un réseau de routes à 2 voies en bon état, mais largement insuffisant pour le parc automobile du pays et les nombreux camions qui le sillonnent, et comme ces routes traversent tous les villages qu'elles rencontrent, que les entrées et les sorties de ces villages sont à minimum 3 km du centre, que la vitesse y est limitée à 50 kmh et qu'il y a toujours un zozo pour respecter cette vitesse, on ne fait évidemment pas des moyennes fulgurantes! De chaque côté de ces entrées de villages, des maisons basses séparées de la route par des bas-côtés d'une dizaine de mètres de large plantés d'arbres divers dont beaucoup d'arbres fruitiers, sur des mini prairies; derrière ces maisons un peu vieillottes mais charmantes, on devine des granges, des ateliers et des potagers, puis les champs, et les gens installent sous les arbres des petits stands avec parasols pour vendre les produits de leurs jardins. Si on est patient on peut goûter le charme un peu désuet de ces scènes villageoises.
Sur la route, contrôle de gendarmerie, et là j'apprends qu'à la frontière qu'on passe si facilement, il fallait pendre une "vignetta", taxe d'une semaine, un mois ou un an qui permet de circuler en voiture dans le pays! Dressage donc de procès verbal sur l'ordinateur installé derrière leur camionnette, procès verbal qu'il faut payer dans les 48h dans une banque d'état, ce que je fis dans la ville suivante.
Entre demander sa route ou un renseignement, les gendarmes et le personnel de la banque, pas un sourire, pas le moindre intérêt pour ta personne, l'impression qu'on les emmerde quoi. Ce n'est pas suffisant comme expérience pour en déduire quoi que ce soit, mais ce n'est pas très agréable.
J'évite Bucarest car le temps passe et je vais jusqu'à la ville de Giurgiu sur la frontière avec la Bulgarie.
Bref 10h pour faire 450 km dont une centaine d'autoroute, un peu crevant, surtout qu'il faisait très chaud.

Traversée de la Bulgarie jusqu'à Edirne en Turquie. Première surprise passée la frontière, tous les panneaux sont en cyrillique, et comme les gens ne sont pas plus amènes qu'en Roumanie, on a vite fait de se perdre dans la traversée des villes. Sinon les routes sont plutôt bonnes et on trouve de beaux paysages, surtout dans les parties montagneuses. Circulation beaucoup moins dense qu'en Roumanie, peu de camions, et on tombe de temps en temps sur une charrette tirées par un cheval, avec toute la famille à l'arrière. Les villages sont du même style qu'en Roumanie, mais plus pauvres.

Puis c'est la Turquie et Edirne, première ville après la frontière, où j'arrive en milieu d'après midi. Au centre sur une colline, la grande mosquée qui domine toute la ville avec ses dômes et ses minarets élancés, tout autour des jardins et des rues très animées d'une foule de gens qui déambulent sans se presser, déjà un petit air d'orient. En contrebas un quartier piétonnier, grande place avec tables et chaises installées sous les arbres, où l'on peut, après avoir musardé, déguster un thé ou dîner, une fois la nuit tombée, d'une assiette de foie d'agneau pané et frit. L'hôtel "Caravansérail" qui donne sur cette place est installé dans un ancien caravansérail avec grande cour intérieure entourée d'arcades sur deux niveaux, idéal pour le repos du nomade!
Le lendemain Edirne-Ankara d'une seule traite par l'autoroute, qui dès qu'elle a quitté la frange côtière de la mer de Marmara, plonge vers le centre à travers des paysages immenses et grandioses de début du monde, des successions de montagnes jusqu'au bout de l'horizon, des couleurs passants du jaune à l'ocre foncé et parsemées des tâches vertes des villages nichés dans les vallées ombreuses. Les versants cultivés dessinent de grands damiers irréguliers qui reprennent le mêmes couleurs dans un ordre aléatoire.
Ankara pointe son nez au loin en milieu d'après midi.

(à part le théâtre d'Arad vue de ma chambre d'hôtel, pas de photo entre Vienne et Ankara).

dimanche 20 septembre 2009

Ailleurs est plus beau que demain...

Dimanche 26 juillet
Donc me voilà prêt à partir, la veille j'ai chargé la voiture avec mon déménagement qui était stocké dans la cave d'Annie (mon ex, mon ex-traordinaire!), c'est à dire essentiellement des bouquins et des frusques, plus quelques bricoles genre à orner les étagères. Faut dire que lors du déménagement j'avais tellement de vêtements que j'en ai donné les trois quart à Emmaüs, bref la voiture était à moitié pleine. Ca me fait penser qu'à chaque fois que j'ai changé de domicile depuis mon premier départ de Toulouse en 1967, je n'ai jamais rien emmené style meubles, objet d'art, souvenirs, fétiches... je suis toujours reparti à zéro pour orner-meubler mon nouveau home. Pourtant je suis attaché autant que tout le monde aux fétiches, mais s'est comme si à ce moment particulier je ressentais comme un besoin de délaisser toutes ces attaches, de laisser le passé pour repartir tout neuf... et puis bien entendu recommencer à accumuler des tas de choses, peut-être un besoin de compenser un manque de relationnel... ou de s'accrocher à un monde qu'on devra quitter.
Bref la veille au soir bon petit dîner bien arrosé avec mon frère Jacques chez qui je logeais depuis mon retour de  Damas, puis lever 6h, p'tit dèj, Jacques m'accompagne dans la rue pour le secouage de mouchoir, et... la route! Je dois dire qu'à ce moment là je ne me rends pas du tout compte que je parts pour 5000 km, pour Damas, c'est comme si je partais pour un we à la campagne.
Autoroute Paris Strasbourg sans problème, j'arrive vers 12h30 chez ma soeur Françoise qui m'attend avec un bon déjeuner.
Lundi 7H départ pour Salzbourg, Françoise m'accompagne jusqu'au pont de Keel , autoroute à travers des montagnes noires de sapins, l'Allemagne, que je ne connais pas et que j'avais décidé d'ignorer.
Puis on approche de l'Autriche et apparaissent sur la droite des paysages de montagne d'une douceur incroyable, des prairies d'un vert sans défaut et des forêts d'un vert plus sombre, puis disséminés des arbres solitaires, des bosquets ou des petits bois; on se demande pourquoi tout ça est si doux, et l'on s'aperçoit que les sapins anguleux et noirs ont fait place aux arrondis des feuillus, chênes, hêtres...
qui donnent au paysage un air bucolique enchanteur. Des fermes et des petits villages aux maisons aux toits rouges qui débordent se nichent dans l'ensemble pour souligner la variété des verts.
Vers midi c'est Salzbourg et une bonne bière fraîche à la terrasse d'un café. Un petit hôtel agréable juste à côté et ma voilà déambulant dans le grand beau parc qui me mène vers la vieille ville.
Entre la rivière et la forteresse perchée de Hohensalzburg, la vieille ville, ses belles maisons baroques et Mozart. Et puis les touristes! des tonnes!

Tourisme
Vous prenez l'avion, arrivée, autocar rien que pour vous qui vous amène à l'hôtel 4 étoiles réservé.Accueil par un flot de larbins de service. Si c'est le soir, dîner à l'hôtel d'une cuisine mondialisée arrosée de cocacola... Dodo dans une chambre avec clim, frigo, télé...
Le matin levé tôt, y a pas de temps à perdre, l'autocar vous amène à un monument historique, visite avec cornac parlant votre langue qui vous récite toute l'histoire parsemée de quelques anecdotes amusantes,
troupeau qui suit, appareils photos qui cliquent de toutes parts, voisin de visite qui vous fait chier...
Re car, re monument, re histoire ancienne...
Déjeuner dans un restaurant à touriste, visite de boutiques qui vous attendent ( au tournant! ), et vite le car pour visite du musée avant qu'il ne ferme.
Soirée restau avec orchestre folklorique ou danse du ventre...dodo
Le lendemain re le car qui prend la route pour des km, car aseptisé, air conditionné, bavardages du guide,
voisin de derrière qui ronfle...
Visite d'un "site historique", vieilles pierres, photos-photos, guide historique lui aussi, vous avez une heure pour vous égayer dans la ville. Midi, repas typique (tente de bédouin, narguilé...)
Et ça pendant dix jours !!!
Heureusement y a les photos, seuls souvenirs qui resteront de ce voyage.
Alors ça c'est nous à l'aéroport, ça c'est... c'est quoi ça déjà chéri ce truc pointu en pierres?... ah oui c'est les pyramides... ça c'est "notre" hôtel... ça c'est les Untel avec qui on a bien sympathisé...

Tenue générale du touriste - valable monde entier.
Touriste homme (du latin turistum, turista, turisti-bus, turist au rhum) (a pris une assurance touriste).
Donc, un chapeau style mi-colonial, mi-américain, mi-bob, plutôt genre négligé. Une chemise à fleurs pas rentrée dans le pantalon, boutons du haut défaits. Un pantacourt (signe le plus distinctif) laissant voir des mollets bien blancs, une paire de tong ou pieds nus dans des chaussures bateau.
Sans oublier l'appareil photo en bandoulière, sur le ventre, ou rivé sur l'oeil.

A propos de larbins.
Semblant de costume traditionnel, parlant un pigin hôtelier international, se précipite sur vous et votre valise qu'il vous arrache des mains, courbettes-courbettes, attentif à vos moindres souhaits (qu'il devance, liste officielle de propositions), assez professionnel, le même dans tous les hôtels de grandes chaînes internationales, pas de conversation, pas de sourire, genre automate (accepte volontiers les pourboires).

J'ai eu un très grand plaisir quand des bons amis qui revenaient de visiter la Syrie au mois d'avril dernier (sac à dos, petit hôtel du coin, moyens de locomotion locaux), m'ayant invité à dîner, m'ont dit d'emblée : " Ah! Bernard, les syriens, quels gens formidables, accueil, hospitalité...", ils n'avaient pas que visité la mosquée machin et les ruines bidule, ils avaient fait connaissance avec la Syrie et les syriens.
Différence entre faire du tourisme et faire un voyage.

à propos de voyage... la suite au prochain numéro...

vendredi 4 septembre 2009

Non mais sans blog !


Un blog ! un de plus, ouais, mais...
Si j'ouvre un blog c'est pas pour raconter ma vie et attendre des réponses style "ah ouais, c'est super, continue comme ça!"
Bien sûr je vais raconter des trucs et mettre des photos, mais ce ne seront que des poses dans un dialogue que j'aimerais instaurer et que je souhaite constructif.
Pour tout vous dire, je suis parti mais je ne sais pas très bien pourquoi, désir d'Orient, fuite de "l'Occident" (lâcheté ?), reniement d'un passé, retour à un passé, plaisir d'aventures, recherche d'exotisme... peut-être tout ça à la fois, et sûrement une recherche de soi même...
Ca me fait penser aux écrivains voyageurs style Nicolas Bouvier ou Michel Le Bris, quand ils disent que le but du voyage ce n'est pas l'arrivée mais le chemin, car il n'y a que sur le chemin que l'on peut se chercher et qu'on peut trouver l'autre, car l'un (soi) ne va pas sans l'autre.
Alors peut-être que mon installation c'est mon chemin et je peux rencontrer l'autre tout autour de moi...
En tout cas je ne suis pas parti sur un coup de tête, ça faisait 2 ans que j'y pensais, et c'est "la crise" avec plus d'occasions de boulot qui m'a décidé à me lancer.
Premier voyage à Damas début février (il fait encore pas très chaud à cette époque là) pour tâter le terrain; je me suis baladé dans la vieille ville pendant 10 jours en me perdant souvent dans ce labyrinthe de ruelles étroites, qui semble fait exprès pour qu'on ne s'y retrouve pas. (vous me direz, c'est le propre du labyrinthe !!!). 
J'ai réussi à visiter 4 ou 5 maisons qui m'ont donné une idée de ce qui existait et à quels prix.
Mais sans connaissances sur place, difficile de se faire ouvrir une porte !
Aussi je me suis dit que j'allais me mettre en cheville avec mon copain Prosper (Syro-français qui tiens 2 restaurants dont un à Evry et c'est là qu'on s'est connus du temps où j'y sévissais),
on décide donc de passer 2 semaines à Damas début avril, et là grâce à sa famille (il a encore son père et ils sont 15 frères et soeurs) et à des copains, qui connaissaient un tel qui savait... on a pu visiter une trentaine de maisons dont certaines étaient de vrais palais, et dont au final une fût l'élue de mon coeur! (et à un prix raisonnable). Plus qu'a signer la promesse de vente chez Zohair le copain avocat de Prosper.
De retour à Paris restait à vendre mon appartement dans le XV°, ce qui fut fait en une semaine,
et à organiser mon déménagement.
Puis début juillet à retourner à Damas pour la signature, pendant que se signait à Paris la vente du XV° (merci Johanne !).
Re-retour à paris pour préparer mon départ, mon frère Jacques me logeant chez lui à Neuilly.
Départ fixé vers la fin juillet, puis finalement le 26, l'aventure pouvait commencer, par un voyage en voiture de 5000 km à travers l'Europe et la Turquie...
La prochaine fois j'essaierai de vous raconter ce voyage de 11 jours.
Bises à tous
(Photos = exemples de maisons visitées)